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fléchir. Mais dès que la coupe de fruits, les gâteaux et le vin d’Espagne s’exhibèrent, Geo réclama.

— Et le fameux reste, va-t-on enfin savoir ?

— Eh bien ! dit M. Servain, pelant sa pêche et prenant son temps, je soumets une idée au conseil de famille : que diriez-vous d’une pointe vers les Pyrénées ?

— Les Pyrénées ! répétèrent quatre voix émues, avec des trémolos de surprise, d’émerveillement, de doute.

— Y penses-tu bien, mon ami ! remontra la mère, habituée aux soucieux calculs. Ce serait une telle dépense… Et quand on a des filles en âge de s’établir…

M. Servain déposa son couteau avec fracas.

— Justement… Il faut profiter du temps qui nous reste, pendant que la couvée de colombes est encore au complet… Procurons-leur d’heureux souvenirs à ces petites ingrates qui n’aspirent qu’à nous quitter !

— Oh ! papa, peux-tu dire ! se récria Geo, indignée.

— Toi, tu n’es encore qu’une grande gosse… Mais je sais ce qui nous attend tous !… On a eu sa maison pleine… Et puis, un beau jour, quelques mécréants, débarqués on ne sait d’où, vous emmèneront à droite et à gauche. Et les vieux se trouveront seuls en vis-à-vis au coin du feu…

Mme  Servain secoua la tête avec amertume et atteignit le redoutable mouchoir :