Page:Alanic - L essor des colombes.djvu/19

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et relevant le front. Et son regard caressait son bon et vaillant mari, ses trois filles, parées des charmes de la jeunesse, et s’étendait avec complaisance autour du cadre de son bonheur domestique, ce logis où elle avait dépensé tant d’efforts patients, pour rendre la vie confortable et aimable aux siens.

M. Servain déballait ses petits paquets d’où s’échappaient des choses affriolantes :

— Puisque nous avons toutes raisons de nous réjouir, réjouissons-nous donc sans remords !

Galant et jovial, il épingla au corsage de Mme Servain une petite ancre d’or : — Là !… En souvenir du succès d’aujourd’hui… et de la promenade maritime d’il y a vingt-quatre ans !

Là-dessus il embrassa sa femme. Et Balthasar, en entendant les rires des jeunes filles, vociféra cette injonction qui lui était souvent adressée : Veux-tu te taire, scélérat ! Veux-tu bien te taire !

— Non, mon vieux ! rétorqua M. Servain avec énergie. J’ai bien le droit, palsambleu ! d’embrasser mon épouse. Maintenant, mes enfants, je meurs de faim. Au dessert le reste !

— Un reste !… il y a un reste ? fit Geo, alléchée.

Mais M. Servain lui rappela que ventre affamé n’a plus d’oreille. Et ravi de son rôle, il garda, en mangeant comme deux, un silence imposant d’augure.

Le potage, les moules marinières, le filet de porc et la purée Parmentier défilèrent sans qu’il se laissât