une enfant malade, essayait de l’habituer à la réalité inexorable.
— Je ne peux pas y croire ! On me l’aurait tué ? Mais pourquoi cette mort brutale, abominable, loin de moi ?… Tout se joint pour m’accabler ! Un tel arrachement ! En plein bonheur ! J’en mourrai, heureusement !
Solange Mainfrey pressa entre les siennes les petites mains errantes, levées pour de violentes protestations.
— Le chagrin ne tue point, ma chérie !… Et l’on peut vivre de sa douleur même ! Je vous apprendrai comment.
Hélène, au milieu de son délire, fut dominée par cette autorité, grave et douce. Elle regarda Mlle Mainfrey avec une humilité presque craintive :
— Vous êtes une sainte, vous, Solange ! Moi, une femme seulement ! Tout est fini, tout ! Je vous l’affirme. Je n’ai plus qu’un souhait : le rejoindre ! Comment vivre séparés ?…
Solange secoua la tête.
— J’ai parfois pensé, chérie, qu’il vaut mieux encore être séparés par la mort que par la vie… si méchante souvent !