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Et c’était justement parce qu’il jugeait avec pleine clairvoyance les forts et les faibles de son ami que Fabert s’attristait, alors que Serge s’éloignait, de son pas flexible de grand chasseur, jetant un dernier encouragement badin par-dessus l’épaule :

— Ne t’ennuie pas ! Je ne t’en laisserai pas loisir. Je vais… et reviens !

Armand, dans le maintien habituel à ses promenades solitaires et méditatives, mains enfoncées dans les poches, nuque ployée, regard sur le pavé, coudes serrés au corps comme par une contraction frileuse, gagna le café assigné au rendez-vous. Mais, incapable d’y attendre passivement, il préféra piétiner au dehors, cherchant à découvrir plus tôt l’apparition de Serge, dans la cohue affairée qui circulait sur le quai de la Fosse, une des artères les plus encombrées du monde, offrant trois voies parallèles au trafic d’une grande cité industrielle et commerçante : le fleuve, le chemin de fer, la chaussée où se croisent tramways, fardiers, autos et piétons.

Ce grouillement pittoresque et incessant fatiguait Fabert sans le distraire. Le malaise ressenti, la veille, en présence des nouveaux époux,