et ainsi entrèrent-ils ensemble dans le petit salon familier.
— Ah ! l’abomination ! gémit Hélène, s’attachant à l’épaule du jeune homme. Toi aussi, tu vas partir, mon Jean !
— Naturellement. Pas d’exception ! On m’en proposerait que je n’en profiterais pas, tu me connais, hein ?
— Oui ! Comme un brave et loyal cœur !
— Vrai de vrai, tu as de moi si flatteuse opinion ? Tu m’enhardis. J’en ai besoin ! Car il me faut te confesser des choses énormes !
— Énormes ? se récria-t-elle. Tu m’inquiètes ! Dis vite !
— Vois-tu, Hélène, partir en guerre, ça vous incite à toutes sortes d’inventaires et de récapitulations. Heureusement, la bonne Providence nous fournit des lumières surnaturelles pour débrouiller ce désordre… Tu sais que mon passé a été peu heureux. Privé de mes parents, écarté de toi, j’ai été sevré des tendresses, des câlineries qui sont aussi nécessaires que le pain aux enfants. Tout me poussait à devenir un fêtard. Je l’ai été ! Ce que je me suis ennuyé ! J’avais besoin d’intimité, par-dessus tout ! Ma tante m’orientait vers des demoiselles à marier,