le large, le cuirassé la France, qui sortait du port de Saint-Nazaire, ce 24 juin 1914, et qui devait, quelques jours plus tard, transporter en Russie le Président de la République française.
Jamais les œillets mauves des dunes n’avaient exhalé un parfum plus suave dans l’air attiédi.
II
Des nuages plombés d’où s’échappaient parfois des ondées se tramaient sur le ciel d’août. Le malaise qui précède les orages alanguissait les êtres et les choses. Tout semblait se recueillir en une attente anxieuse.
Dans les bureaux de l’usine dont le personnel s’était augmenté, aussi bien que dans les divers ateliers, cette torpeur confinait à la stagnation. Chacun paraissait distrait, nerveux, détaché de sa besogne, taciturne surtout, gardant jalousement sa préoccupation secrète, sans la communiquer au voisin. Les moindres bruits du dehors suscitaient d’étranges vibrations qui se propageaient instantanément.