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NOTES

fragile du pastel s’apparente donc au trait du vrai dessin, qui ne pénètre nullement dans le papier. On dirait la même chose en d’autres termes, en disant que le pastel est séparé de tout édifice. Par opposition, on est donc conduit à juger aussi de la fresque, qui est matière architecturale. Et ce n’est pas peu, si, par le voisinage ou mieux par l’intime présence de l’art régulateur, on est ramené tout droit à la majesté, à la simplicité, à la sincérité qui caractérisent évidemment la fresque. La ligne, retenue dans la masse, entraînerait moins ; elle n’aurait plus cette légèreté de l’instant ; et la couleur, sans perdre tout à fait son caractère ornemental, donc subordonné, serait relevée par l’édifice, comme tout ornement. Faute d’une contemplation suffisante de ces grandes œuvres, je m’abstiens de pousser plus loin l’analyse. Il me semble que la gravure, comparée au dessin, donnerait occasion à des remarques du même genre, mais sans doute plus faciles à suivre. Car, si le trait du graveur ne mord pas toujours beaucoup sur le papier, du moins le geste du graveur a mordu sur une surface résistante, ce qui, le mouvement étant tempéré par le sentiment, permettrait quelque imitation de l’ombre picturale. C’est ici que la hachure, sous le nom de griffonnage, trouverait son juste emploi.