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CHAPITRE VIII

DES BUSTES

Si l’on se proposait seulement de faire en marbre un portrait ressemblant, on aurait avantage à imiter l’attitude, le ventre, les épaules, et même les plis du vêtement habituel ; car ces détails font beaucoup pour la ressemblance. Mais c’est représenter alors un homme par les faiblesses et les infirmités. Aussi il ne convient pas à la sculpture, ni même à la peinture, de chercher la ressemblance par tous moyens. Quand on reconnaît un homme d’après son manteau ou son chapeau, qui reconnaît-on ? Au reste ce n’est certainement pas par la ressemblance vulgaire qu’un buste nous plaît lorsque le modèle ne nous est pas connu. Non. Il faut que l’œuvre survive au modèle, et qu’elle se suffise enfin. L’œuvre du vrai sculpteur comme aussi du vrai peintre doit être réglée d’abord d’après cette remarque évidente, que reconnaître n’est pas connaître. Mais la sculpture, par la simplicité de ses moyens, est encore mieux orientée que la peinture vers la réelle ressemblance, qui ne suppose point la comparaison avec le modèle, mais se voit mieux, si l’on ose dire, sur le portrait que sur le modèle. Or tous les petits moyens pris du costume et de l’attitude, bien loin d’aider à cette ressemblance, y nuisent au contraire, par la facilité. Il faut que