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CHAPITRE V

DE LA SCULPTURE COMME LANGAGE

La sculpture, de même que la peinture et le dessin, peut représenter un événement ou représenter un homme. Toutefois elle est moins propre que la peinture à fixer les scènes de l’histoire ; car, ainsi que l’on a précédemment remarqué, on ne conçoit point des foules en sculpture ; et, quoi qu’on fasse, chacun des acteurs sera seul, comme si le marbre le séparait de l’action et de la vie commune. Une statue est un solitaire. Et la sculpture, il me semble, se défend assez bien là-dessus. Mais la règle est certainement moins stricte dans le bas-relief. Il est remarquable qu’un degré d’abstraction de plus permette aussitôt plus d’action ; et le bas-relief semble étendre son domaine à peu près aussi loin que le dessin. Toutefois il supporte moins l’instantané ; son objet principal est alors le mouvement périodique ou de cérémonie, enfin déjà réglé, comme dans les danses et les cortèges. Et peut-être, pour tout dire, le bas-relief représente-t-il mieux l’institution que l’événement. Partout où le marbre parle, la forme domine l’incident. La règle serait donc que les personnages n’expriment que la forme de la cérémonie, et n’en disent pas plus. C’est par ce détour que des enfants, des jeunes filles ou des jeunes garçons trouveraient aussi leur forme,