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CHAPITRE III

DU MOUVEMENT

La sculpture, comme la peinture et le dessin, peut certainement représenter le mouvement par l’attitude. Il s’agit seulement de savoir si une telle représentation ne suppose pas le choix ou même l’invention d’une certaine attitude, plutôt que l’imitation d’un instant du mouvement ; et c’est là une belle controverse, mais qui concerne principalement la théorie du dessin, d’abord parce que la représentation du mouvement convient mieux au dessin peut-être, et surtout parce que le problème est le même pour le sculpteur et le peintre que pour celui qui dessine. Il vaut donc mieux examiner ici si le mouvement convient aux sculptures. Or il faut convenir d’abord que la matière et le temps s’opposent à ces mouvements décidés, ou, si l’on veut, développés, qui feraient des statues trop fragiles ; et, comme la sculpture est pour un longtemps, elle est plus propre à exprimer le durable que l’instant. Toute statue, selon sa nature de statue, serait donc repliée et ramassée, comme si elle se gardait contre le temps. L’erreur serait de croire que cette condition si naturelle diminue la puissance des œuvres sculptées. Car le mouvement ne donne pas beaucoup à penser ; suivi sans retenue, il dévore l’expression en même temps que le sentiment. Il ne fau-