Page:Alain - Système des Beaux-Arts.djvu/237

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE PREMIER

DE L’IMITATION ET DES MODÈLES

On ne dit point d’un homme qu’il est artiste parce qu’il imite le chant des oiseaux ou le bruit du vent ; on ne dit point d’un architecte qu’il est artiste tant qu’il se borne à copier exactement un modèle. Les arts que nous avons maintenant à examiner peuvent être appelés arts décevants, parce qu’ils semblent tirer leur puissance de l’imitation même de la nature, ce qui réduirait le rôle de l’écrivain, du peintre, et surtout du sculpteur à bien choisir son modèle, à le bien disposer, ou bien à se placer comme il faut pour le bien voir, et enfin à en donner une copie exacte. Cette dernière partie du travail offre encore plus d’une difficulté dans l’écriture et dans la peinture ; mais, dans la sculpture, elle est purement mécanique. Il n’est pas difficile de concevoir une machine à sculpter qui donnerait à la pierre ou au marbre exactement les creux, les reliefs et les dimensions du modèle. Le moulage est un moyen mécanique encore plus simple. Et l’exécution, même manuelle, d’une copie en marbre d’après un modèle en plâtre ou en terre glaise, est souvent laissée à l’ouvrier. Ainsi, en même temps que la sculpture se sépare de l’architecture et délie les statues, nous nous trouvons bien loin de ces arts où l’exécution et l’invention mar-