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CHAPITRE X

PRÉLIMINAIRES SUR LE STYLE

Nous allons examiner maintenant des arts en quelque sorte sans pudeur, sans mesure, et presque sans règle, comme sont la sculpture, la peinture et le roman ; il est donc à propos de ramasser ici ce que déjà nous pouvons dire du style ; car, si les costumes et ornements ont conservé le style dans sa pureté, il faut dire que c’est l’architecture qui est surtout maîtresse de style. Toutefois les arts en mouvement, par l’effet de la pudeur et de la politesse, sont arrivés aussi à une sorte de style, mais moins assuré. Ceux qui ont vu des danses russes auront à dire que le rythme n’y manque pas, mais que le style y manque ; au contraire la danse des villages bretons, si savante, si étudiée, si modeste aussi dans ses mouvements, est un bel exemple du style dans les mouvements rythmés. Le style, dans les arts de ce genre, consisterait donc à régler ou à retenir les mouvements naturels des passions au profit de la force expressive. On appelle goût, et c’est très bien dit, la préférence du spectateur et aussi de l’acteur pour le langage traditionnel, lequel a naturellement pour règle de dire beaucoup avec peu de mouvement. À dire vrai, les orateurs, les tragédiens et les chanteurs n’évitent pas