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CHAPITRE IV

DES CHŒURS

Il y a des sons qui se contrarient et s’annulent, de la même manière que les mouvements à contretemps dans un travail commun. En revanche il y a des sons qui se renforcent par la rencontre favorable de beaucoup de petits mouvements. Il suffit de savoir là-dessus que l’air transmet les sons par des compressions et dilatations qui se communiquent de proche en proche, et que ces vibrations sont d’autant plus rapides que le son est plus aigu. D’après cela il arrive que deux sons purs entendus en même temps fassent un son variable et comme chevrotant ; ainsi deux sons peuvent faire un bruit. Mais deux sons peuvent faire aussi un son plus puissant, où l’on reconnaît une foule déjà qui chante. Il n’est pas nécessaire de connaître les causes physiques de l’unisson, de l’accord et de la dissonance ; le corps tout entier s’y met de la même manière qu’il file le son ou conduit la mélodie. Mais il y a cette différences qu’alors il prend l’autre pour modèle et maître, et l’autre aussi, ce qui fait une belle amitié d’un moment.

On pourrait dire qu’il y a deux manières de s’accorder à d’autres, dont l’une est de suivre la mélodie et de se fier à son propre talent ; c’est la moins parfaite. L’autre, plus libre malgré l’apparence, est de