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SYSTÈME DES BEAUX-ARTS

tion, un blâme, une concession, une restriction. On remarquera que la voix, partant du grave, monte d’abord à l’aigu par de grands sauts, puis plus péniblement et par degrés plus rapprochés, pour se maintenir enfin au plus haut, dans la discussion passionnée surtout. Ainsi apparaît une loi musicale de première importance, d’après laquelle les intervalles sont plus serrés à mesure que le son s’élève. La physique conduit aussi à cette loi par d’autres chemins. Essayez déjà de la vérifier en inventant quelque chanson simple. On voit ici que la mélodie est assujettie à d’autres lois que la simple combinaison des notes, et qu’il y a des mélodies naturelles. Sans doute la nécessité de se reposer de certains sons par d’autres serait-elle aussi à considérer ; mais le détail nous échappe. Toutefois il est sensible que la première moitié d’une phrase musicale nous laisse en attente, comme si des sons ou intervalles non utilisée encore devaient paraître à leur tour, avant le repos équilibré. Disons enfin qu’un son n’est jamais simple, et que l’oreille y distingue un mélange de sons dont quelques-uns dominent ; ainsi la mélodie pure serait possible, j’entends celle qui est suggérée seulement par la nature de chaque son, et qui le continue selon l’attente. Mais ce genre d’invention est réservé aux chanteurs naïfs ; l’usage des instruments, le besoin d’innover et la composition écrite conduisent dans d’autres chemins, souvent rocailleux.