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CHAPITRE PREMIER

DES BRUITS RYTHMÉS

Parce que la musique compte le temps sans presque aucune complaisance, elle tend vers la forme d’un objet invariable et se détache du corps humain en action. Pour mieux marquer ce caractère, il est bon de traiter d’abord du rythme musical. Ce rythme n’admet que par exception des silences arbitraires ; ainsi n’importe quel bruit fait apparaître la loi. Le tambour fait une musique véritable, par des intensités différentes qui reviennent dans un certain ordre, divisant et subdivisant le temps. Toutes les actions font un rythme par l’alternance du repos et de l’effort ; et les signes vocaux qui servent de signal pour les actions en commun ont naturellement aussi ce caractère, car il faut un signal d’avertissement et un signal d’exécution. Même les ordres qui sont donnés de loin sont toujours donnés selon un rythme ; ainsi la division du temps remplace l’articulation. Pour marcher au pas, on est amené aussi naturellement à marquer plus fortement un des deux pas ; le rythme le plus simple est né de la marche en ordre. Mais le musicien ne s’arrête point là. Un artiste tambourineur inventera des fantaisies rythmiques ; il sait marquer, par des intensités différentes, deux groupes de deux et même deux groupes de quatre. Ces rap-