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QUE LE BONHEUR EST GÉNÉREUX

de bien manger ou de ne point montrer d’ennui. C’est pourquoi il arrive qu’un tyran triste, et qui semble n’aimer point la joie d’autrui, est souvent vaincu et conquis par ceux en qui la joie est plus forte que tout. Les auteurs aussi plaisent par la joie d’écrire, et l’on dit très bien bonheur d’expression, tour heureux. Tout ornement est de joie. Nos semblables ne nous demandent jamais que ce qui nous est à nous-mêmes le plus agréable. Aussi la politesse a-t-elle reçu le beau nom de savoir-vivre.

10 avril 1929.