sont comme inondées, malaise bien connu ; contre quoi un exercice réglé des muscles est assurément le meilleur remède. Et c’est ici que l’on voit apparaître la musique sous la forme du maître à danser, qui, par son petit crin-crin, règle au mieux la circulation viscérale. Ainsi la danse guérit de la timidité comme chacun sait, mais soulage le cœur d’autre manière encore, en étirant les muscles modérément et sans secousse.
Quelqu’un qui souffrait de la tête me disait ces jours-ci que les mouvements de mastication, pendant les repas, le soulageaient aussitôt. Je lui dis : « Il faut donc mâcher de la gomme, à la manière des Américains. » Mais je ne sais s’il l’a essayé. La douleur nous jette aussitôt dans des conceptions métaphysiques ; au siège de la douleur nous imaginons un mal, être fantastique qui s’est introduit sous notre peau, et que nous voudrions chasser par sorcellerie. Il nous paraît invraisemblable qu’un mouvement réglé des muscles efface la douleur, monstre rongeant ; mais il n’y a point, en général, de monstre rongeant ni rien qui y ressemble ; ce sont de mauvaises métaphores. Essayez de rester longtemps sur un pied, vous constaterez qu’il ne faut pas un grand changement pour produire une vive douleur, ni un grand changement pour la faire disparaître. Dans tous les cas, ou presque, c’est une certaine danse qu’il s’agit d’inventer. Chacun sait bien que c’est un bonheur d’étirer ses muscles et de bâiller librement ; mais on n’a point l’idée de l’essayer par gymnastique ; afin de mettre en train ce mouvement libérateur. Et ceux qui n’arrivent pas à dormir devraient mimer l’envie de dormir et le bonheur de se détendre.