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SAVOIR-VIVRE

remède, et qui change de route élégamment ; mais il y a plus de politesse encore à deviner d’avance ce qu’il faut dire et ce qu’il ne faut pas dire, et, dans le doute, à laisser au maître de la maison la direction des propos. Tout cela pour éviter de nuire sans l’avoir voulu ; car, s’il juge nécessaire de piquer un dangereux personnage au bon endroit, libre à lui ; son acte relève alors de la morale à proprement parler, et non plus de la politesse.

Impolitesse est toujours maladresse. Il est méchant defaire sentir à quelqu’un l’âge qu’il a ; mais si on le fait sans le vouloir, par geste ou physionomie, ou parole trop peu méditée, on est impoli. Marcher sur le pied de quelqu’un est violence si on le fait volontairement ; si c’est involontairement, c’est impolitesse. Les impolitesses sont des ricochets imprévus ; un homme poli les évite et ne touche qu’où il veut toucher ; il n’en touche que mieux. Poli ne veut pas dire flatteur nécessairement.

La politesse est donc une habitude et une aisance. L’impoli, c’est celui qui fait autre chose que ce qu’il veut faire, comme s’il accroche des vaisselles ou des bibelots ; c’est celui qui dit autre chose que ce qu’il veut dire, ou qui signifie, par le ton brusque, par la voix forte inutilement, par l’hésitation, par le bredouillement, autre chose que ce qu’il veut signifier. La politesse peut donc s’apprendre, comme l’escrime. Un fat est un homme qui signifie sans savoir quoi, par extravagance voulue. Un timide est un homme qui voudrait bien ne pas être fat, mais qui ne sait comment faire, parce qu’il aperçoit l’importance des actes et des paroles ; aussi le voyez-vous se resserrer et se contracter, afin de s’empêcher