LXXXIII
SAVOIR-VIVRE
Il y a une politesse de courtisan, qui n’est pas belle. Mais aussi ce n’est point de la politesse. Et il me semble que tout ce qui est voulu est hors de la politesse. Par exemple un homme réellement poli pourra traiter durement et jusqu’à la violence un homme méprisable ou méchant ; ce n’est point de l’impolitesse. La bienveillance délibérée n’est pas non plus de la politesse ; la flatterie calculée n’est pas de la politesse. La politesse se rapporte seulement aux actions que l’on fait sans y penser et qui expriment quelque chose que nous n’avons pas l’intention d’exprimer.
Un homme de premier mouvement, qui dit tout ce qui lui vient, qui s’abandonne au premier sentiment, qui marque sans retenue de l’étonnement, du dégoût, du plaisir, avant même de savoir ce qu’il éprouve, est un homme impoli ; il aura toujours à s’excuser, parce qu’il aura troublé et inquiété les autres sans intention, contre son intention.
Il est pénible de blesser quelqu’un sans l’avoir voulu, par un récit à l’étourdie ; l’homme poli est celui qui sent la gêne avant que le mal soit sans