comment il nous prend, nous ne savons pas nous en dépendre. Il y a de ces visages qui portent affiché comme un blâme universel. En ce cas, fuyez si vous pouvez. Car il faut que l’homme imite l’homme ; et me voilà, par le jeu de mon visage et sans que je puisse m’en rendre compte, me voilà moi aussi à blâmer. À blâmer quoi ? Je n’en sais rien. Mais cette couleur triste éclaire toutes mes idées et tous mes projets. Je cherche des raisons en ces idées mêmes et en ces projets mêmes. Je cherche des raisons et j’en trouve toujours, car tout est compliqué et il y a des risques partout. Et, comme enfin il faut agir et se risquer, quand ce ne serait que pour traverser une rue, j’agis sans confiance, c’est-à-dire moins vivement, moins librement. Un homme qui a l’idée qu’il va se faire écraser n’est point aidé par là, mais au contraire paralysé. Dans les affaires plus longues, plus composées, plus incertaines, l’effet de ces pressentiments que l’on reçoit d’un visage ennemi est encore plus sensible. Un certain œil sera toujours sorcier.
J’en reviens à cette fête de la politesse, qui est une importante fête. Dans le temps où chacun regarde cet avenir sur carton, que le facteur nous apporte, il est très mauvais que ces semaines et ces mois, que nous ne pouvons connaître tels qu’ils seront, soient teints d’humeur chagrine. Bonne règle donc, qui veut que chacun soit bon prophète ce jour-là, que chacun élève les couleurs de l’amitié. Un pavillon au vent peut réjouir l’homme ; il ne sait pas du tout quelle était l’humeur de l’autre homme, de celui qui a hissé le pavillon. Encore bien mieux, cette joie affichée sur les visages est bonne pour tous ;