imposait ces lois ; mais au contraire, il faut dire qu’il avait puissance parce qu’il était lui-même loi ; chacun autour savait toujours, à un pas près, ce qu’il avait à faire ; d’où quelque idée de la paix égyptienne.
La guerre a tout pour déplaire ; mais le raisonnement se trompe là ; c’est que les hommes y trouvent aussitôt la paix ; je dis la vraie paix, celle qui habite en notre peau. Chacun sait ce qu’il a à faire. La raison vainement évoque le malheur, mais elle n’effraie point ; elle n’arrive pas à recouvrir un fond d’allégresse ; chacun voit une fonction bien définie, qui est son lot, et des actions qu’il ne peut remettre ; toute sa pensée y court, et le corps suit ; et ce consentement fait aussitôt un état de choses humaines, qu’il faut subir, comme on fait d’un cyclone. On s’étonne que les pouvoirs obtiennent tant ; mais ils obtiennent beaucoup justement parce qu’ils demandent beaucoup. Ainsi est la règle monastique qui guérit si bien l’irrésolution. Ce n’est rien de conseiller la prière ; il faut ordonner telle prière, à telle heure. La sagesse propre aux pouvoirs en vient toujours à un commandement tout sec, sans aucune raison. La moindre raison fera naître aussitôt deux pensées et mille. Certes il est agréable de penser ; mais il faut que le plaisir de penser se paie de l’art de décider. Ce modèle de l’homme est en Descartes ; et l’on sait qu’il fit la guerre, on ne peut dire pour son plaisir, mais par une méthode de se délivrer des pensées qui le touchaient trop.
On voudrait rire de la mode ; mais la mode est quelque chose de très sérieux. L’esprit se donne l’air de mépriser, mais il met d’abord une cravate. L’uni-