grand univers nous apportera la joie ou la tristesse selon ses lois, comme l’hiver et l’été, comme la pluie et le soleil. Mon désir d’être heureux ne compte pas plus que mon désir de promenade ; je ne fais pas la pluie sur cette vallée ; je ne fais pas la mélancolie en moi ; je la subis, et je sais que je la subis ; belle consolation ! »
Ce n’est pas si simple. Il est clair qu’à remâcher des jugements sévères, des prédictions sinistres, des souvenirs noirs, on se présente sa propre tristesse ; on la déguste en quelque sorte. Mais si je sais bien qu’il y a des globules là-dessous, je ris de mes raisonnements ; je repousse la tristesse dans le corps, où elle n’est plus que fatigue ou maladie, sans aucun ornement. On supporte mieux un mal d’estomac qu’une trahison. Et n’est-il pas mieux de dire que les globules manquent, au lieu de dire que les vrais amis manquent ? Le passionné repousse à la fois les raisons et le bromure. N’est-il pas remarquable que par cette méthode que je dis, on ouvre en même temps la porte aux deux remèdes ?