LXXIV
UNE CURE
Après qu’ils eurent raconté leurs bains, leurs douches et leurs régimes : « Moi, dit l’autre, je fais depuis quinze jours une cure de bonne humeur, et je m’en trouve très bien. Il y a des temps où les pensées deviennent acres, où l’on critique tout avec fureur, où l’on ne voit plus rien de beau ou de bien, ni dans les autres, ni dans soi-même. Quand les idées tournent de ce côté-là, cela signifie qu’il faut faire une cure de bonne humeur. Cela consiste à exercer sa bonne humeur contre toute mauvaise fortune et surtout contre les choses de peu, qui vous feraient partir en imprécations, si l’on n’était justement dans la cure de bonne humeur. Alors, ces petits ennuis sont au contraire très utiles, comme les côtes pour vous faire des mollets. »
« Il y a, dit encore l’autre, des gens ennuyeux qui se réunissent pour récriminer et geindre ; on les fuit en temps ordinaire ; mais dans la cure de bonne humeur, au contraire, on les recherche ; ils sont comme ces ressorts pour la gymnastique en chambre. Après avoir tiré sur les plus petits pour commencer, on arrive à tendre les gros. De même, je range mes