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DÉNOUER

dès qu’il aura vaincu la timidité. La leçon vous fera rougir vous-même, car elle est bonne pour tous, en même temps qu’amère pour tous ; quiconque se lance à parler, sans gouverner la machine, dit promptement assez de sottises pour maudire ensuite sa propre nature et désespérer de lui-même. Jugez d’après cela une foule en effervescence, et vous en attendrez tout le mal possible, sans compter toute la sottise possible. En quoi vous ne vous tromperez point.

Mais celui qui connaît le mal par les causes apprendra à ne point maudire et à ne point désespérer. La maladresse est la loi de tout essai, dans n’importe quel genre. Le corps, non formé par gymnastique, s’emporte aussitôt, et que ce soit dessin, ou escrime, ou équitation, ou conversation, aussitôt vise mal et manque naturellement le but. Cela étonne, et semble donner raison au pessimiste ; mais il faut comprendre par les causes, et la principale chose à considérer ici, c’est cette liaison de tous les muscles qui fait que chacun d’eux, dès qu’il se remue, éveille tous les autres, et non point d’abord ceux qui doivent coopérer. Le maladroit pèse de tout son corps sur le moindre mouvement, et chacun est maladroit d’abord, quand ce ne serait que pour enfoncer un clou. Cependant il n’est point de limites au savoir-faire que l’on peut acquérir en s’exerçant ; tous les arts et tous les métiers en témoignent. Et le dessin, ce tracé du geste, est peut-être le témoignage le plus éloquent de tous, quand il est beau ; car cette main lourde, impatiente, irritée, chargée de tout le corps est pourtant capable de ce trait léger, retenu et comme purifié, soumis en même