Page:Alain - Onze Chapitres sur Platon, 1928.djvu/52

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 50 —

l’être, qui est autre que l’un, et encore l’autre, qui fait, si l’on peut dire, un troisième personnage, et enfin tous les nombres, les parties, le changement, le mouvement, l’âge. Après quoi l’on revient, et l’on suppose que l’un n’est pas. Mais il importe de tout lire, puisque Parménide nous a avertis qu’il s’agit seulement d’un exercice. On remarquera que ce jeu est joué avec un sérieux étonnant. Il serait sans fin ; il cesse sans que l’on sache pourquoi. Encore une fois Platon nous laisse là.

Cette sorte de nébuleuse est-elle grosse d’un monde ? Faut-il voir ici les premières articulations d’un système où les idées de nombre, d’espace, et de temps naîtraient de l’un indéterminé, par une division intérieure, par une opposition et corrélation à la fois, qui serait la loi cachée de toutes nos pensées ? On peut le croire, malgré l’apparence de simple exercice, annoncée d’abord, et encore marquée dans la suite par le changement de l’hypothèse. Et, quoique Platon semble vouloir nous fatiguer d’une métaphysique qui prouve ce qu’elle veut, il est