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cile à éviter, puisqu’Aristote ne semble pas avoir saisi l’importante différence entre imitation et participation. Ce n’est pas que le second de ces mots soit par lui-même assez clair, mais c’était beaucoup d’écarter le premier, qui, lui, est trop clair. Cet aveuglement d’Aristote fait scandale dans l’histoire des idées. On voudrait dire qu’Aristote, écoutant Platon, suivait déjà en son esprit l’autre philosophie, qui est une philosophie de la nature, au regard de laquelle l’idée, aussi bien que le nombre, n’est qu’artifice de représentation. Revenant au Parménide, sachons bien que Platon ne nous en dit pas si long, ni dans ce dialogue, ni ailleurs. Nulle part il ne se laisse entourer ni lier. Il échappe comme l’idée toujours échappe. Du moins nous apprenons un mouvement de poursuite, qui est de l’esprit, non des mains.

Voici maintenant que tout change, et que le vieux Parménide consent à donner quelque idée, au jeune Socrate, des exercices auxquels on doit se livrer préliminairement, si l’on veut espérer de saisir, en leur précieuse vérité, le beau, le bon et le juste. Ici