mêlés, ou plutôt ce poison de violence qui gâte le bien, suppose-le seulement dans les autres comme tu le trouves en toi-même ; il n’en faut pas plus. Les maux humains se développent par les passions des hommes ordinaires. Toutes ces guerres sont faites par des hommes qui aiment la paix, et qui sont doux justement à la manière de ce Russe redoutable qui pensait en son cœur : « Il n’y a plus que douze mille hommes à tuer ; la paix est proche ». Eux aussi ils implorent : « Seulement encore un petit cadavre ». Comme ces fous qui visent un fantôme, et, à chaque fois, tuent un homme.
Au temps de la paix, les hommes étaient ce qu’ils sont maintenant, sujets de la peur, de la pitié, de la colère, de l’enthousiasme. La paix est possible demain ; facile demain. Ne demandez pas : « Comment vivrons-nous ? » Les hommes vivent sur la terre dès qu’ils ont la paix. Cette prudence, que vous faites voir, est aveugle. Vous demandez : « Comment relèverons-nous nos ruines ? » Mais vous ne demandez point : « Comment relèverons-nous ces autres ruines que nous allons faire ? Et d’abord comment paierons-nous cette destruction même ? » Maux sur maux, c’est donc le remède ? Mais attention. Si je m’irrite c’est encore un mal de plus. C’est le seul mal que personnellement je puisse faire. Cette guerre à la guerre est guerre sans fin ; je le comprends. Eh bien donc la paix d’abord dans mon proche gouvernement. Je signe d’abord ma paix avec les hommes ; s’ils ne la signent point eux, avec moi et entre eux, qu’y puis-je ? Et si je me mets