ne puis donner de preuves à la rigueur, quand les difficultés de tous genres sont rassemblées. C’est quelque chose de donner là-dessus son sentiment ; il faut le donner. Aucun suffrage n’a de sens si l’on cherche à décider comme on croit que le nombre décidera. Je puis parier que ceux qui prennent parti contre grec et latin sont, presque tous, des hommes qui n’en ont rien tiré. Ceux qui, au contraire, en ont tiré et en tirent presque tout ce qu’ils valent, doivent parler fort ; et parler fort n’est pas la même chose que crier. Je dis que grec et latin sont des moyens de choix contre l’imbécile que chacun est à ses propres yeux vingt fois par jour. Je ne dis pas plus. Il y a de puissantes natures, harmonieuses aux hommes et aux choses, qui devineront, qui perceront, bien plus loin que moi, sans mon Homère, sans mon Horace, sans mon Tacite. Je les salue : mais je sens et je sais que s’ils étaient, encore en plus, nourris des anciens auteurs, ils iraient bien plus loin et pourraient davantage.
Comment l’expliquer ? Je veux proposer seulement deux remarques. La première est que les pensées contemporaines sont folles ; je les compare aux mouvements des fourmis après un coup de botte dans la fourmilière. L’expérience que nous en faisons tous les jours serait effrayante, si nous n’avions notre refuge en des pensées qui ont traversé cette épreuve et sont demeurées vivantes sur la ruine des autres. Cela revient à dire avec Comte que la société n’est pas coopération, mais commémoration. Ainsi celui qui commémore, en quelque sorte, la commé-