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L’AMOUR DE LA VÉRITÉ

revision de nos idées, que nous faisons selon l’esprit, en combinant le simple avec le simple, comme on voit en arithmétique et en géométrie, comme on pourrait voir même dans l’économique et la politique, si l’on s’appliquait plutôt à penser juste qu’à courir après l’événement. Mais là-dessus on ne croit guère Platon ; on se moque des pures idées ; on n’a pas égard à l’esprit ; on donnerait tous les théorèmes du monde pour un petit fait. Telle est l’ivresse des techniciens, et encore orgueilleuse. Toutefois, celui qui tient un peu de la vérité vraie, celle qui ne sera pas fausse le lendemain, sait bien aussi qu’il doit l’enseigner toute pure, comme il l’a, et ne jamais mentir là-dessus ni aux enfants, ni aux hommes, ni à lui-même.

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