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CINQUIÈME LETTRE


Ce petit monde, que j’ai imprudemment agrandi, n’y vais-je point rester ? Monde du tressaillement, de l’impatience, de l’hypochondrie ou de l’ennui. Mais comment en sortir ? L’homme de cœur me fait voir par où l’on en sort. Ces sentiments inquiets, et qui retombent toujours à l’émotion du lièvre et de la biche, ne font pas une vie d’homme, quoique ce genre de mélancolique ait longtemps gouverné le monde humain par la prédiction. Et il est vrai que celui qui tressaille au monde sait beaucoup en un sens et même tout ; mais il faut un observateur pour lire ce prodigieux texte. Il faut donc sortir de la peur par le courage ; et