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récit, et c’est déjà beaucoup. Au reste les contes sont des récits de prières exaucées ; la parole se confirme elle-même. Telle est la vertu des paroles.

Il ne manque rien maintenant au célèbre récit d’Aladin ou la lame merveilleuse. J’y vois le monde enfantin tel qu’il paraît dans nos premières expériences. Les richesses, comme fruits et diamants, existent quelque part en des lieux obscurs et fermés. Il s’agit seulement de faire venir le serviteur qui a la clef de ces choses. Et le moyen même de le faire venir est tout naïvement l’imitation d’un de ces mouvements que l’on voit faire aux serviteurs sans en soupçonner l’importance, comme frotter une lampe. Et l’on remarquera que ce travail réel est rabaissé au niveau du signe, mais plutôt élevé à ce niveau selon la physique de l’enfant ; car l’enfant obtient par signes. Or c’est ici, comme dans tous les contes, signe sur signe ; car ce conte n’est