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qu’il est spectateur sans l’avoir voulu. Une femme qui ouvre sa fenêtre et admire un cortège ne s’instruit guère ; mais que penser de l’enfant qu’elle porte ? Il n’y a rien de réel dans ces visions. N’importe quoi y peut suivre n’importe quoi. Les choses paraissent et disparaissent par une volonté étrangère. Les faciles voyages des contes sont d’abord d’expérience. Faciles ? Non pas toujours. Mais la difficulté est toujours à faire fléchir quelque obstination. Le consentement obtenu, alors les choses vont de soi. Ce monde fantastique n’est donc pas inventé ; il est le monde réel même, vu d’abord à travers le monde humain. Non seulement tout est fait, comme le jardin ; mais l’exploration suit les mouvements de la nourrice. Même quand l’enfant commence à explorer par ses moyens propres, il se présente des obstacles tout à fait invincibles, et soudainement vaincus sans difficulté aucune ; comme il arrive qu’un chat attend que la porte