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tesque désespoir. Le triomphe ne peut être que gratuit, et chacun le sent.

Maintenant, si l’on cherche un arbitre, peut-être ne le trouvera-t-on point aisément dans un ami, par cette raison que l’on craint, non seulement de l’affliger, mais aussi de lui communiquer la grande hésitation, qui est de tous les soirs et de tous les matins. L’arbitre inconnu, secret, qui même oubliera, peut être quelquefois meilleur. Ce qui est surtout à remarquer dans la confession, c’est le libre aveu et le conseil demandé. L’arbitre attend et juge sur ce qu’on lui dit. “C’est toi qui le diras” ; ce célèbre mot de Socrate revient dans cet entretien qui, avec le secours de l’autre, n’est pourtant jamais qu’un entretien avec soi. Car, dit le confesseur janséniste, s’il y a quelque péché d’orgueil à bien prêcher, c’est vous qui le savez, et c’est à vous de le dire. Chacun peut voir aisément l’abus, mais je dis seulement le bon usage, afin d’éclairer un peu