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INTRODUCTION

ruineuses. L’erreur sur les machines aura été de s’imaginer qu’elles créent l’énergie qu’elles déploient. Les niaiseries lyriques de M. Jean Izoulet, dans sa Cité moderne, sur les machines esclaves de fer, sont dangereuses pour la société : elles nous cachent que les hommes sont les esclaves de ces esclaves. Comptez tout, dit Alain, appliquant à l’économie le principe logique qu’elle oublie toujours : celui des dénombrements entiers.

Cette critique du machinisme, quelques-uns la pourraient juger réactionnaire ou naïve, si le perfectionnement même du machinisme ne venait lui donner raison. Dans la grosse industrie, l’art de brûler le charbon, de ne rien perdre de la puissance ou de la chaleur obtenues, d’utiliser les sous-produits, marche à pas rapides, mais moins vite encore que l’art d’épargner le travail humain. Les conditions dures de la production d’après-guerre, l’élévation du taux des salaires vont, peut-être d’une façon durable, apprendre à épargner ce travail humain.

Sur le gaspillage que fait le commerce dans ses concurrences, sa publicité, gaspillage opposé à l’ingéniosité de l’industrie et dont le public fait tous les frais sans le savoir, Alain se trouve d’accord avec les Coopérateurs — seuls économistes avec lesquels il collabore volontiers.

Quant à l’avarice nécessaire aux services publics, c’est une idée dont tous les citoyens reconnaissent le principe ; mais presque tous se refusent aux applications. Tout le monde réclame des services publics ce que les services publics peuvent fournir d’utile, sans penser jamais au rendement, et c’est pour avoir à fournir ces utilités dispendieuses que les

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