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LE CITOYEN CONTRE LES POUVOIRS

écliptique. Et je lis dans un Annuaire du Bureau des Longitudes : « On peut admettre que l’obliquité de l’écliptique varie seulement entre vingt et un et vingt-quatre degrés environ, et par suite le plan de l’équateur n’est jamais venu et ne viendra jamais en coïncidence avec celui de l’écliptique. » Je me contente ici de croire ; mon astronomie ne va pas jusque là ; ainsi nous n’aurons pas de printemps perpétuel ; nous, entendez nos neveux.

Il n’en est pas moins vrai, si j’en crois mon livre, que nous sommes dans une période où l’obliquité de l’écliptique diminue de siècle en siècle ; nous sommes à plus d’un degré de l’obliquité la plus grande, et nous allons tout doucement vers l’obliquité la plus petite. Comprenons bien ce que cela signifie pour le ciel que nos yeux voient. Le soleil s’élève de moins en moins en été, et il s’abaisse de moins en moins en hiver ; il est donc vrai en gros que les étés sont de moins en moins chauds, et les hivers de moins en moins froids. Cette lente promenade qui nous approche de l’éternel printemps, mais sans jamais nous y conduire tout à fait dure environ treize mille ans, et le retour, autant. Ainsi l’on a vu autrefois sur cette terre, dans cette région de Paris, les terribles hivers de la période glaciaire, où les glaces du pôle s’étendaient jusqu’à la Seine ; et on les reverra.

On peut déjà rêver là-dessus ; car il est inévitable que le centre de la civilisation se déplace en même temps que les saisons varient. Notre passé historique se trouve éclairé par ces promenades du soleil. Depuis dix mille ans environ il est clair, au moins pour le bassin Méditerranéen, que l’humanité pensante a remonté continuellement vers le Nord. La brûlante

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