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VIOLENCE INUTILE

nullement dans les nuages, mais se traduisait au contraire en des images d’une précision puérile. Que de fois n’ai-je pas pensé, traduisant les passions qui m’étaient propres : « Quand viendra le jour où je pourrai prouver à ce polytechnicien qu’il n’est qu’un sot ? » Cette politique est courte. Ce fut celle de tous les opprimés. Ajournée encore pour presque tous, non pas oubliée. J’ose dire que le groupe Clarté n’a jamais bien su ce qu’il pensait, mais qu’il a toujours su ce qu’il voulait. Ainsi que vienne la révolution, diffuse ou non, par opinion ou par coup de main, beaucoup s’y mettront d’humeur, qui n’y sont point du tout en esprit. Je conclus que la révolution russe fut de vengeance d’abord, et communiste par nécessité, car que faire d’autre dans les ruines ? Et ce n’est point un ordre social abstrait, qu’ils ont détruit, mais plutôt ils ont cherché tout droit à punir tous les tyrans, grands et petits, brisant en même temps l’occupant et la coquille. Mais les politiques ne veulent point croire cela, et je dirais-même qu’ils ne peuvent pas le croire, étant bons princes à leur estime ; et ils se dépensent à montrer l’impossibilité du communisme à des gens comme moi, qui voudraient justement chasser l’occupant sans briser la coquille.


Le collectivisme et leLE COMMUNISME.
Le collectivisme et le communisme ne sont point des doctrines politiques ; ce sont des manières de vivre qui sont permises partout, que l’État ne peut point empêcher, et qu’il ne peut point non plus ordonner. Des paysans peuvent mettre en commun leurs champs et leurs troupeaux s’ils le

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