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LE CITOYEN CONTRE LES POUVOIRS

aussi à leur propre majesté. D’où une opposition de principe à tout ce que le public incompétent s’avise de demander, ou seulement de souhaiter. D’où résistance violente à tout ce qui enferme le droit d’exiger, c’est-à-dire à tout ce qui est scrutin sincère. Louis XIV cédait assez souvent aux raisons, si l’on prenait la précaution de lui dire et répéter qu’il était le maître. D’où je comprends cet étonnant mouvement d’humeur, au fond Bureaucratique, contre le scrutin d’arrondissement ; et ce serait une raison de le préférer, car c’est la preuve qu’il vise juste. Mais mon parti est pris là-dessus, pour des raisons qui n’ont point changé, et depuis bien des années. Qu’est-ce que les tracasseries, les minces faveurs et les petits abus devant l’immense intérêt de vivre en Paix ? Et ce grand problème, on ne le voit que trop, ne peut être résolu que par une énergique action, et continuelle, de la masse sur les pouvoirs, par le moyen, encore imparfait, mais qu’on a vu efficace, du député personnellement responsable.


Ne croyez jamais ce que dit un homme d’État.QUAND ON LAISSE FAIRE
LE GOUVERNEMENT.

Ne croyez jamais ce que dit un homme d’État. C’est un homme qui parle de son métier, et qui quelquefois en parle bien ; mais il n’est pas dans l’ordre que l’on mette tous les métiers à la gêne pour que le plombier par exemple fasse aisément et agréablement le sien. « Les hommes qui ne sont pas plombiers, dit le plombier, ne se rendent pas compte de ce que c'est ; ils sont bien loin de nous donner commodité et large place. Ce sont des ingrats. Car comment vivraient-ils s'il n'y avait pas de plom-

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