tion. Tout l’effet du scandale résulte de cette discipline cachée qui attache le plaisir de chacun au plaisir de tous les autres ; et le grand malheur de l’ordre est que l’on a laissé toutes ses armes, même de prudence. Mais toutes ces réactions sont sans passion aucune ; dès que la cause en est connue, il n’en reste rien. Nous sommes loin encore de la sombre méditation du fanatique.
Il faut comprendre comment le fanatisme d’une foule s’exprime en un seul homme. À quoi peuvent conduire ces convulsions d’un danseur ou d’un tourneur, que les autres considèrent et poussent sans agir eux-mêmes, par une espèce de chant et de musique assez monotone pour endormir cette attention bienfaisante qui cherche le rythme et retrouve le thème. Par cet artifice, le danseur fanatique imite une foule qui ne danse point. Je m’étonne qu’on admire cette espèce de folie volontaire, orgueilleuse, entretenue et accrue par le mouvement, et qui va jusqu’à rendre insensible ; c’est l’état des passionnés, étonnant seulement par l’absence de cause, et même de prétexte ; mais est-il plus raisonnable de tuer une femme qu’on aime ? À bien regarder, une passion n’a jamais d’autre cause qu’elle-même, et ses raisons prétendues sont pour l’ignorant. Je crains parce que je crains, j’aime parce que j’aime, je frappe parce que je frappe, et lui danse parce qu’il danse. Mais ici encore sans passion méditée, sans ce vertige de pensée, sans cet appel de la violence, sans ce décret fatal dont on contemple les signes. Et la fatigue guérit de cette danse folle. Peut-être est-ce un remède naïf à la fureur d’âme, que cette fureur de corps sans pensée.
Mais il y a plus d’une manière de danser. Si tranquille que l’on soit, il s’élève naturellement plus d’une fureur et plus d’une danse, soit par défaut d’occupation soit par une poussière dans la gorge. Si la pensée trouve alors