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INTRODUCTION

Je dois avertir maintenant que nous allons entrer dans la sociologie. La mode nous y oblige ; mais autre chose encore nous y oblige. Les étonnantes remarques de Comte sur cette sixième science sont à considérer. D’abord que cette science est la politique même, prise avec sa méthode positive. Je n’en donne ici qu’une esquisse.

La seconde idée est presque impénétrable. Il s’agit de cet étrange rapport qui subordonne toutes les sciences à la sixième, d’après cette remarque que toutes les sciences sont des faits sociologiques. Il n’y aurait aucune science sans les monuments, les académies, les instruments, les dignités, les bibliothèques et les laboratoires. Alors la science devient sociale, réellement commune à tous les hommes. Une partie principale de la philosophie des sciences consiste alors à faire voir ce qu’elle doit à la sociologie. Par exemple c’est une difficile recherche que celle des rapports de la religion à la science. On en voit un exemple dans la mystique de Képler, qui réellement s’est appuyé sur la perfection divine pour découvrir ses fameuses lois. Sans l’idée a priori de la simplicité divine jamais il ne les aurait même constatées, car il dut arrondir les chiffres. Ici est placée une notion très cachée qui est la liaison de l’idée au sentiment. (Le sentiment est une sorte de fanatisme, qui, par la loi sociologique de l’effervescence,