l’observation des péchés, des repentirs, et même des expiations. Toutefois ce caractère que l’on suppose est encore une idole abstraite, qui convient assez à la psychologie dialectique. Heureusement les hommes dépendent moins de leur propre fond, et plus de leurs actions, comme les religions ordinaires l’ont discerné. Mais qui ne voit le danger de ces condamnations ? Ce sont presque des malédictions déjà. L’enfant et même l’homme ne sont que trop disposés à lire une destinée dans leurs fautes. Si l’autorité du juge y ajoute encore, les voilà à désespérer d’eux-mêmes et à se montrer avec fureur tels qu’on croit qu’ils sont et tels qu’ils croient être. Nous touchons ici le plus secret des passions.
La prédiction d’un devin ou d’une sorcière, si elle dépend de causes extérieures et inanimées, peut se trouver vérifiée soit par hasard, soit par l’effet d’une connaissance plus avancée des signes, soit par une finesse des sens qui permet de les mieux remarquer. Il faut dire là-dessus qu’on oublie presque toutes les prédictions ; ce n’est souvent que leur succès qui nous les rappelle. Mais le crédit qu’on apporte aux prophètes tient à des causes plus importantes et plus cachées. Souvent l’accomplissement dépend de nous-mêmes ou de ceux qui nous entourent ; et il est clair que, dans beaucoup de cas, la crainte ou l’espérance font alors arriver la chose. La crainte d’un accident funeste ne dispose pas bien à l’éviter, surtout si l’on penche à croire qu’on n’y échappera pas. Mais si c’est la haine d’un homme que je crains ou seulement l’attaque d’un chien, l’idée que j’en ai s’exprime toujours assez pour faire naître ce que j’attends. Si l’avenir annoncé dépend de moi seul, j’en trouverai bientôt les signes en moi-même ; le bon moyen d’échapper au crime, à la folie, à la timidité, au désir de la chair ou