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J’insiste beaucoup afin d’éveiller la curiosité. Je tiens que ces études sont une bonne école de l’attention, et qu’en les continuant de longues années on finira par faire des découvertes dans cette transparence des discours qui représente l’esprit.

CHAPITRE V

COMMENTAIRES

[1 est à propos ici d’aller chasser dans les broussailles de l’école. Un terme comme végétal s’entend de deux manières ; ou comme désignant un nombre d’êtres auxquels il convient, c’est-à-dire une collection, il est alors pris en extension ; ou comme attaché à une définition, par exemple que le végétal est un vivant qui se reproduit par germes et qui fixe par chlorophylle le carbone atmosphérique ; il est pris alors en compréhension. L’étrange est qu’on peut lire un syllogisme selon un système ou l’autre. En extension, si aucun des envieux qu’on a pu observer n’est au nombre des heureux, et si tous les vaniteux font voir qu’ils sont parmi les envieux il faut conclure qu’aucun vaniteux n’est au nombre des heureux. Cela se représente bien par des cercles inclus les uns dans les autres ou extérieurs les uns aux autres, la collection des envieux comprenant toute celle des vaniteux, et les tenant hors du cercle des heureux. En compréhension, c’est tout autre chose. Si, de la définition du triangle isocèle, il résulte nécessairement qu’il a deux angles égaux et si tout triangle au centre d’un cercle est nécessairement isocèle, il en résulte que tout triangle tel a nécessairement deux