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faits. Les notions qui seraient ici mises en place seraient par exemple la mesure, les instruments, et la méthode des variations qui consiste à imprimer au phénomène des changements quantitatifs. Le principal ici, serait de décrire l’application des mathématiques à l’expérience, c’est-à-dire la traduction des variations par des fonctions, expression rigoureuse de l’expérience. Les courbes sont des exemples excellents de ce langage sans ambiguïté, qui dit mieux que tout autre les variétés et les liaisons de l’expérience. On trouvera un exemple très clair dans l’expression des progrès d’un dressage quelconque. Un animal dans un labyrinthe, apprend à en sortir et fait des fautes que l’on inscrit sur l’ordonnée. Une courbe figure la diminution des fautes. Cette méthode sert aussi à noter les progrès du dactylographe, ou bien la fatigue par l’ampleur mesurée et décroissante d’un effort déterminé (L’Ergographe). Toutes ces inscriptions aboutissent à la courbe en cloche, qui est une conquête du langage scientifique. Les fautes décroissent d’abord lentement et ensuite très vite, et enfin très lentement, sans jamais disparaître.

Cette partie de la logique est toute neuve. J’y joindrais au sujet des tests les manières de calculer les moyennes. Tout cela est bien la logique du laboratoire. Je crois aussi qu’on trouvera par là les problèmes de la probabilité qui découvrent ce que donnerait le pur hasard et donc ce qui n’est point par hasard. Ce ne sont toujours que des applications de l’art de mesurer.

Enfin le tableau des instruments (de mesure, enregistreurs, multiplicateurs, etc.) serait aussi une partie bien nouvelle de la logique expérimentale. Parmi les instruments on comptera l’atelier et l’usine, où en effet les résultats sont enregistrés (consommation d’un moteur ; travail mesuré par l’indicateur de watt, etc.). Il faut se borner à énumérer, car il ne faut pas tomber dans la technologie.

La conclusion est que la logique d’Aristote régit toutes les autres, et qu’en règle la précédente régit les suivantes.

II. Il faut qu’ici le disciple surmonte un peu d’ennui, et arrive à connaître tout le système aristotélicien tel qu’on le trouve partout avec Barbara, Celarent, Darii, Ferio, etc. J’ai préparé