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Le principe de ces transformations n’est pas difficile à trouver ; c’est qu’il faut que l’entendement reconnaisse la même pensée sous deux formes, ou, en d’autres termes, qu’il n’est pas permis de tirer d’une pensée écrite une autre pensée écrite sans avoir égard aux objets. Le célèbre principe d’identité s’offre ainsi de lui-même, dans les études de logique, comme un avertissement au dialecticien qui espérerait augmenter ses connaissances en opérant sur des mots définis seulement. Tel est le prix d’une étude un peu aride, qui, si on la conduit en toute rigueur, montre assez que tout raisonnement sans perception enferme certainement des fautes, s’il avance. Toutes ces fautes, si naturelles, viennent de ce que l’on enrichit peu à peu le sens des mots par la considération des objets, et cela sans le dire et même sans le savoir.

NOTES

I. Il se trouve une difficulté préalable dans la logique, c’est que, si l’on a purifié cette notion, ce qui est revenir à la logique d’Aristote, on se trouve alors bien loin de la logique moderne qui n’est autre que la méthode des sciences. On peut se proposer de tracer une série de Logiques, allant de l’abstrait au concret, et qui grouperait d’une façon nouvelle un certain nombre de développements importants. On pourrait distinguer :

1o La logique d’Aristote, qui est une sorte de grammaire générale du oui et du non ;

2o La logique transcendantale qui fait l’inventaire des formes a priori, c’est-à-dire l’anatomie de l’entendement ;

3o La logique de Descartes ou logique de l’ordre qui prescrit l’analyse (Diviser les difficultés) et la synthèse (Conduire par ordre mes pensées) ;

4o La logique de Bacon, ou logique expérimentale, qui étudie les procédés par lesquels on pénètre dans la connaissance des