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hypothétique, si A est, B est aussi, équivalente d’ailleurs à la première, comme si l’on disait que si un homme est juste, il est heureux. Cette autre manière de dire conduira à une analyse un peu différente. On raisonnera ainsi. Si A est, B est ; or A est, donc B est ; or B n’est pas, donc A n’est pas, puisque si A est, B est. Et l’on voit que les propositions A n’est pas ou B est ne conduisent à rien ; il faudrait avoir ajouté à la première que si A n’est pas, B n’est pas. Les objets n’y font rien ; on considère seulement ce qui est dit, et si ce qui est dit enferme ou non telle autre manière de dire.

Pour achever en peu de mots cette esquisse, on peut passer de cette dernière forme aux syllogismes classiques. Au lieu de dire si A est B est, disons : tout ce qui est A est B. Si nous ajoutons la proposition X est A, nous serons amenés à la conclusion X est B ; comme aussi de ce que A exclut B, autre forme de si A est B n’est pas, de ce que X est A, nous concluons que X n’est pas B. X, c’est tout, ou quelque, ou un, pourvu que ce soit le même X. Et voilà le syllogisme de la première figure : tout envieux est triste, tout ambitieux est envieux, tout ambitieux est triste. Et si, partant de la même supposition, tout ce qui est A est B, on pose que X n’est pas B, ou si A exclut B, que X est B, on aura la conclusion que X n’est pas A, ce qui est le syllogisme de la seconde figure. Cette méthode d’amener ces deux figures me semble la plus naturelle, sans compter qu’elle les distingue bien du syllogisme de la troisième figure, que j’appelle syllogisme par exemple. Il consiste, celui-là, à conclure, si X, quelque, tout ou un, est à la fois A et B, que A et B se trouvent quelquefois ensemble, ou que, comme on dit, quelque A est B. Pour les modes, qui diffèrent selon tout ou quelque, est ou n’est pas, on travaillera utilement à les retrouver tous, ce qu’on ne fera point sans attention.