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étoiles tournent d’orient en occident, et tous les corps célestes aussi, comme autour d’un axe immobile. Aussi que les étoiles sont merveilleusement loin et de grande masse. Aussi que certaines planètes tournent sur elles-mêmes, comme on peut voir. Aussi que les retards de la lune du soleil et des planètes, s’expliquent si l’on pose que la terre est une des planètes, et la lune, son satellite. Aussi que la pesanteur augmente si l’on va de l’équateur au pôle ; et cela suppose des idées mécaniques et physiques encore, et la mesure par le pendule. Mais considérons le fait le plus simple, que les étoiles tournent. Cela ne se constate encore que par observations répétées, souvenir, représentation, mesure. Quant à cet autre fait, que les étoiles sont fort loin, et quelques-unes relativement près, il est bien remarquable aussi, si on l’examine, par les hypothèses qui le portent. Car les étoiles les plus rapprochées n’offrent d’effets de parallaxe que pour un observateur transporté le long de l’orbite terrestre ; nos bases terrestres sont trop petites. Et c’est pourtant un fait, qu’il y a des étoiles moins éloignées que d’autres. Un fait aussi, que la lune est bien plus rapprochée de nous que le soleil, et plus petite. Tout cet édifice de faits est géométrique.

C’est un fait encore que l’accélération de la pesanteur est de m. 80 à Paris ; mais, pour celui qui le constate, il y a beaucoup à comprendre, les idées d’abord, et puis les instruments par les idées. Le plan incliné et la machine d’Atwood le prouvent assez, et même le cylindre enregistreur, à la fois chronomètre et géométrie tournante. La mesure des chaleurs spécifiques n’enferme pas moins de connaissances. Et non pas des connaissances accessoires, mais des hypothèses ou idées posées sans lesquelles l’expérience ne serait pas.

Chacun, dans la science qu’il connaît le mieux, pourra