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rappelé les matins d’autrefois : lorsque, enfants frileux, ils entendaient, de leur chambre, le bruit glacial de la domestique râclant, dans la cheminée, les cendres de la veille, pour allumer le nouveau feu. On les portait devant le foyer ; on les habillait, debout sur une chaise et tout frissonnants, pour le catéchisme… Tandis qu’ils se désolaient ainsi de leurs souvenirs, ils ont aperçu, traversant la cour pavée, depuis des mois unique personnage féminin, une petite fille de surveillant, qui s’en allait en classe. Elle avait un tablier noir, et ses cheveux en arrière étaient une courte natte ; elle ressemblait douloureusement à cette autre, délicieuse misère de toute leur enfance, qui les faisait mourir d’envie de se retourner, quand elle arrivait en retard et restait, selon la règle, agenouillée sous les cloches, « jusqu’à tant

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