Page:Alain-Fournier - La Femme empoisonnée, 1944.djvu/13

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Il me faut passer l’hiver dans une petite ville où la Jeune-Femme n’est jamais venue et ne viendra jamais. Sur quels chemins perdus me cherche-t-elle, ma perdue ? Ses pieds, dans l’herbe des accotements blanchis de givre, ont fait une trace noire. Elle s’est appuyée à la barrière d’un champ, pour regarder, en tendant le cou : mais la campagne est déserte ; seuls, deux corbeaux lourds se sont enlevés par dessus les haies d’épines. Et, tandis qu’elle reprend, désolée, son chemin perdu, ses mains glacées sous sa courte pèlerine humectée de brouillard, j’imagine le bruit

5