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ALBERT D’AIX.

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les uns, renversant les autres, perte irréparable pour la ville de Constantinople. Tandis que la nouvelle de cet horrible incendie et de tout ce désastre parvenait promptement au palais, le duc fut frappé de la crainte qu’en voyant les flammes des bâtimens, et en entendant le mouvement extraordinaire de l’armée, l’empereur ne donnât sur-le-champ l’ordre de faire occuper en force, par ses chevaliers et ses archers, le pont sur lequel les pélerins avaient passé en sortant de la ville pour se rendre dans les palais où ils résidaient. Aussitôt il envoya son frère Baudouin, avec cinq cents chevaliers cuirassés, prendre possession de ce pont pour prévenir l’empereur et empêcher tout acte de violence qui fermerait le passage aux pélerins et ne leur permettrait plus de retourner sur leurs pas. Baudouin était à peine arrivé au milieu du pont quand tout à coup des Turcopoles, chevaliers de l’empereur, montés sur des bâtimens, assaillirent les pélerins à coups de flèches, les lancèrent de droite et de gauche, et attaquèrent avec vigueur tous ceux qui passaient. Baudouin, n’ayant aucun moyen de leur résister du haut du pont, s’occupa uniquement du soin d’échapper le plus vite possible à leurs traits ; il franchit le pont, s’établit promptement de l’autre côté sur le rivage, gardant l’entrée du pont et observant en même temps les murailles de la ville souveraine jusqu’à ce que toute l’armée eût pu défiler par ce passage. Le duc, pendant ce temps, veillait aussi sur les derrières avec les siens. Cependant une troupe nombreuse de Turcopoles et des chevaliers de tout rang sortirent des portes, armés de flèches et de divers autres instrumens de guerre, pour attaquer Baudouin et toute