ordres du duc, tout le territoire fut livré à discrétion aux pélerins et aux chevaliers étrangers ; ils demeurèrent dans ce pays pendant huit jours et le dévastèrent.
L’empereur, apprenant qu’on avait ravagé toute cette contrée, envoya au duc Rodolphe Péel de Laon et Roger, fils de Dagobert, hommes très-éloquens, du pays et de la race des Français, pour demander que l’armée s’abstînt du pillage et de la dévastation, et promettre que les prisonniers qu’on demandait seraient rendus sans délai. Le duc, ayant tenu conseil avec les autres princes, acquiesça à la requête de l’empereur ; et, levant son camp, interdisant tout pillage, il se rendit à Constantinople même avec toute l’armée des pélerins. Là ayant dressé leurs tentes, ils s’y établirent, formant une multitude innombrable et bien pourvus de cuirasses et de toutes sortes d’armes de guerre. Bientôt Hugues, Dreux, Guillaume Charpentier et Clairambault, relâchés par l’empereur, vinrent se présenter devant le duc, extrêmement joyeux de son arrivée et de la nombreuse suite qu’il avait avec lui, et ils s’élancèrent avec empressement dans les bras du duc et des autres princes. Les députés de l’empereur se présentèrent également devant le duc, et lui demandèrent de venir dans le palais, avec quelques-uns des principaux seigneurs de son armée, pour entendre les paroles du souverain, tandis que toute la multitude demeurerait en dehors des murailles de la ville. À peine le duc avait-il reçu ce message, que quelques étrangers, originaires du pays des Français, vinrent dans son camp l’inviter fortement à se méfier des artifices, des vêtemens empoisonnés et