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albert d’aix.

toute son armée, transportés de l'autre côté du fleuve, passèrent la nuit chez les Bulgares, dans la ville de Belgrade, que Pierre et les gens de sa suite avaient, peu de temps auparavant, ravagée et incendiée. Le lendemain matin ils partirent de cette ville et entrèrent dans les forêts immenses et inconnues de la Bulgarie. Des députés de l’empereur vinrent alors se présenter à eux, leur portant un message conçu en ces termes :

« Alexis, empereur de Constantinople et du royaume des Grecs, au duc Godefroi et a ceux qui le suivent, parfait amour !

Je te demande, duc très-chrétien, de ne pas souffrir que les tiens ravagent et dévastent mon royaume et mon territoire sur lequel tu es entré. Reçois la permission d’acheter, et qu'ainsi les tiens trouvent en abondance, dans notre empire, toutes les choses qui sont a vendre et a acheter. En recevant ce message de l’empereur, le duc promit d’obtempérer en tout point aux ordres qui lui étaient adressés. En conséquence il fit publier par tout que l’on eût à s’abstenir de rien enlever de vive force, si ce n’est les fourrages pour les chevaux. Marchant ainsi paisiblement, conformément aux désirs de l’empereur, les pélerins arrivèrent a Nissa, l’une de ses forteresses. Ils y trouvèrent une étonnante abondance de vivres en grains et en orge, du vin et de l’huile en quantité ; on offrit aussi beaucoup de gibier au duc de la part de l’empereur, et tous les autres eurent pleine liberté de vendre et d’acheter. Ils s’y reposèrent pendant quatre jours au milieu des richesses et de la joie. De là le duc se rendit avec son armée à Sternitz[1], et n’y trouva pas

  1. Ou Strazin, la Stralicie de Guillaume de Tyr.